Par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France

 

Donald Trump, qui ne voyait pas de risques il y a deux semaines, puis prédisait un retour au travail de la population avant pâques, revient une nouvelle fois sur ses idées et anticipe maintenant un confinement jusqu’à fin avril.

Par ailleurs après avoir suggéré un lock-down complet de l’Etat de New-York, celui-ci s’est ravisé en demandant une restriction importante des déplacements non essentiels pour 14 jours dans la région la plus touchée des Etats-Unis, qui compte pour 10% de la population et environ 12% du PIB global de la première puissance mondiale.

 

A l’heure actuelle seulement 21 Etats ont fermé les commerces non essentiels et ont demandé à la population de rester chez soi. Cela représente environ la moitié des 330 millions d’individus composant la population américaine.

Les Etats-Unis totalisent maintenant plus de 140 000 cas et près de 2 500 décès et le président américain annonçait ce weekend que 100 000 décès serait un très bon travail (« a very good job ») de la part de l’administration américaine, alors que celui-ci ne voyait pas de risque il y a encore 2 semaines. Le Dr Fauci, conseiller du président américain, en anticipe lui entre 100 000 et 200 000. A titre de comparaison, comme Trump ne voyait dans cette épidémie qu’une grippe saisonnière, celle-ci a causé entre 12 000 et 61 000 décès par an depuis 2010 et la « grippe espagnole » en 1918, qui reste à ce jour la pire pandémie de l’ère moderne, avait conduit à quelque 625 000 pertes aux Etats-Unis.

L’épidémie se répand de façon exponentielle dans tous les pays du monde et bien que les anticipations du nombre d’infections et de durée de la pandémie sont sans cesse repoussées à travers le globe, les investisseurs vont maintenant s’intéresser à l’impact économique, qui peu à peu devrait pouvoir être évalué. En effet les premières statistiques importantes du mois de mars vont être publiées prochainement, avant la saison des résultats du premier trimestre 2020, accompagnée des perspectives économiques pour le T2 et le reste de l’année.

Les semaines à venir devraient être décisives, d’abord parce que la population et les sociétés aux Etats-Unis attendent les aides signés par le congrès au plus vite mais également car les annonces d’entreprises et les publications économiques pourraient rendre difficile un soutien des marchés financiers à court terme.

Concernant les ménages américains, Mnuchin précisait que les aides seraient versées d’ici trois semaines et celles destinées aux compagnies aériennes, qui menaces déjà de licencier des dizaines de milliers de salariés, la procédure de demande de soutien financier serait en place d’ici le 1er avril.

Cette redistribution pourrait prendre du temps, alors que plus de 3 millions d’Américains supplémentaires se sont inscrit à l’assurance chômage la semaine dernière et que les données pourraient encore progresser cette semaine. Nous découvrirons par ailleurs les NFP (créations d’emplois non agricoles) qui devaient, pour la première fois depuis 2010, faire ressortir une destruction d’emplois.

 

L’administration américaine serait déjà en train de réfléchir à d’autres mesures à mettre en place pour soutenir les ménages et l’économie américaine mais il serait préférable de se concentrer sur la distribution de celles déjà votées, la gestion de l’urgence sanitaire et le recul de l’épidémie afin de déterminer exactement ce dont à besoin l’économie américaine. Pour cela il faut pouvoir évaluer l’ampleur des dégâts, ce qui est difficile tant que l’épidémie n’est pas stoppée.

Comme évoqué précédemment et dans l’attente d’un versement effectif aux entreprises, leur permettant de conserver un maximum d’emplois, et aux ménages, leur permettant pour certains de survivre, les marchés pourraient être fébriles. Sans bonne nouvelle, ce qui parait actuellement difficile à trouver, les investisseurs pourraient être tentés de se tourner vers les valeurs refuges comme le dollar ou le franc suisse et délaisser le marché actions, conduisant à une nouvelle baisse des indices boursiers.

Ailleurs dans le monde, la Chine a abaissé son taux repo de 20 pdb, la plus importante réduction en 5 ans, pendant que la PBOC annonçait un peu plus tôt une nouvelle injection de 7Mds$ dans l’économie. Les perspectives de croissance annuelle du PIB sont maintenant de seulement 1%, en prenant en compte une contraction de 9% sur le premier trimestre, selon certaines institutions financières.

En Europe, l’Italie comme la France ont prolongé le confinement pendant que le Royaume-Uni, maintenant en confinement, constate une hausse du nombre de cas au sein de son gouvernement. Boris Johnson en premier puis le secrétaire à la santé Matt Hancock, ainsi que le conseiller médical en chef du gouvernement, Chris Whitty, ont annoncé avoir été testés positifs ou être en isolation et cela pourrait conduire à d’autres infections au sein du gouvernement Britannique et mettre à mal la gestion du pays durant la crise sanitaire.

By Action Future

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