Par Vincent Boy, Analyste marché chez IG France
Les marchés pourraient rester fébriles en début de semaine malgré le retour à l’activité de nombreuses économies du monde. En effet le président américain semble vouloir relancer la guerre commerciale contre la Chine, en menaçant de nouveaux droits de douane. Par ailleurs l’administration américaine augmente la pression sur la seconde économie mondiale sur sa potentielle implication dans l’origine de l’épidémie.
Le secrétaire d’Etat Mike Pompeo reprenait les mots du président en prétendant avoir des preuves sur le fait que le Covid 19 provienne du laboratoire P4 en Chine, situé à Wuhan. Cette remarque n’a encore une fois pas été accompagnée des dites preuves et va à l’encontre d’un rapport de la sécurité nationale américaine, qui précisait que le virus n’était pas issu de la main de l’homme.
De son côté, le président américain donnait une conférence de presse hier et anticipe maintenant que 100 000 américains pourraient perdre la vie, après que le bilan ait dépassé les 60 000 anticipés auparavant par ce dernier. Donald Trump ajoutait durant cette intervention qu’il a bon espoir qu’un vaccin soit trouvé avant la fin de l’année, alors que les experts médicaux continuent d’annoncer que 12 à 18 mois seront nécessaires pour trouver un vaccin efficace contre le covid19.
Les remarques de Donald Trump sur une éventuelle réouverture du conflit commercial avec la Chine pourraient également laisser les marchés sous pression, à l’image du pétrole qui évolue à nouveau sous les 20 dollars et en baisse de plus de 5% ce matin. En effet ce dernier réfléchirait à la possibilité de mettre de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises.
Le président américain a également évoqué une autre idée, qui serait dévastatrice pour les marchés financiers et notamment les obligations américaines et le dollar. En effet, il proposait de ne pas rembourser la dette américaine que détient la Chine, alors que cette dernière possède plus de 1,1 trillons de dollars d’obligations du trésor. Cette manœuvre serait extrêmement néfaste pour la confiance dans la dette des Etats-Unis et le dollar américain mais il est peu probable que le président Trump décide d’une telle mesure.
Le président américain cherche à se faire réélire en novembre prochain et reporter la faute sur la Chine permet de ne pas avoir à justifier ses choix, très critiqués, de la gestion de la crise sanitaire.
Ces conflits pourraient appuyer la consolidation sur les marchés alors que de nombreux pays relâchent peu à peu les confinements, comme en Europe mais également aux Etats-Unis. Le mois de mai sera ainsi un test important dans le recul du virus et la vitesse de la reprise économique.
Un redémarrage lent pourrait être constaté et cela réduirait à néant les espoirs d’une reprise importante de l’économie dès le troisième trimestre. De plus, toute nouvelle hausse du nombre de cas au sein des économies qui ont décidé le déconfinement, pourrait conduire à un retour en arrière dans ces mesures et décaler encore un peu plus la reprise économique.
Les marchés devraient également se tourner à nouveau vers les résultats d’entreprises durant la semaine. Après la publication des majors technologiques américaines la semaine dernière et la publication des chiffres du PIB en zone euro et aux Etats-Unis, les investisseurs seront attentifs aux nombreux résultats du premier trimestre prévu cette semaine. Aux Etats-Unis comme en zone Euro.
Concernant le marché actions, les investisseurs devraient surveiller avec attention le comportement des compagnies aériennes américaines, qui doivent maintenant évoluer sans le soutien de Berkshire Hathaway. En effet, Warren Buffet a annoncé que la société avait cédé tous ses actifs dans le secteur, alors que celui-ci avait investi entre 7 à 8 milliards de dollars en 2016 seulement.