Par Stéphane Déo– stratègiste-Direction de la gestion – LBPAM
Pétrole et croissance
Les tensions au Moyen-Orient nous rappellent qu’une crise pétrolière, si elle est peu probable, constitue néanmoins un risque majeur cette année. Les données économiques, PMI européen, ont été revues à la hausse ; un signe de plus d’amélioration du cycle, certes timide. L’Espagne aurait (enfin !) trouvé la solution pour avoir un gouvernement, mais la situation semble chroniquement instable.
Point de marché : et le pétrole dans tout ça ?
Les tensions au Moyen-Orient se rappellent à notre bon souvenir. Cette nuit les Etats-Unis annoncent avoir mené des frappes à Bagdad sur ordre du président et avoir tué le général iranien Ghassem Soleimani chef des forces spéciales des gardiens de la révolution. Cette frappe est bien sûr liée à l’attaque de l’ambassade américaine à Bagdad par des manifestants pro-iraniens le 31 décembre.
L’attaque de tankers dans le golfe persique en juin dernier tout comme le bombardement de champs pétroliers saoudiens en août avaient très peu ému les marchés comme le montre le graphique ci-dessous.
A l’heure où nous écrivons (7 :00 heure de Paris) la réaction des marchés semble là aussi modérée : le Brent gagne deux dollars, les futures sur Euro Stoxx cèdent 0,6%.
Il existe un consensus fort parmi les économistes sur l’idée d’une ré-accélération lente de l’activité sur 2020. Lorsqu’un tel consensus fort se dégage, il est très important de se concentrer sur les sources de risques, qui peuvent surprendre une large partie des intervenants en même temps et donc créer des mouvements de marchés de large ampleur. Nous avions identifié les sources de risques principales, parmi celles-ci, un problème géopolitique au Moyen-Orient et une flambée des cours du pétrole. Pour l’instant les 2 dollars sur le pétrole devraient rajouter 0,05% à l’inflation et donc l’effet sur la consommation est négligeable. Pour donner un ordre de grandeur, un cours du pétrole à 80 dollars en revanche augmenterait l’inflation de 0,2% et aurait un effet négatif de l’ordre de 0,1% sur la consommation (sans parler d’autres effets comme l’investissement).
Pour l’instant tout va bien. Mais dans une économie qui reste convalescente, la capacité d’absorber un choc pétrolier est très limitée, même un choc de faible ampleur. A suivre donc.
Des données économiques qui rassurent
Révision à la hausse des PMI européens dans le secteur manufacturier : 46,3 au lieu de 45,9 initialement publié. Ce n’est pas la fête, loin de là, le secteur manufacturier est toujours en contraction. Les chiffres allemands et français ont été, un peu, révisés à la hausse. Cela signifie que les réponses reçues par les enquêteurs depuis une semaine étaient meilleures que celles reçues précédemment ; un signe que l’amélioration se poursuit. Doucement.
Au total, les chiffres restent toujours très bas, et les chiffres « en dur » de production industrielle et de PIB pour le quatrième trimestre 2019 devraient être plus que médiocres, en revanche l’idée d’une amélioration sur 2020 se confirme.
Enfin un gouvernement en Espagne
Les élections générales espagnoles de novembre 2019 (qui suivaient les élections générales du 28 avril 2019 qui n’avaient pas permis de trouver un gouvernement…) avaient envoyé aux Cortes, le parlement espagnol, une assemblée très morcelée.
Hier le parti catalan ERC, et ses 13 députés, a annoncé qu’il s’abstiendra lors du vote de confiance au Cortes mardi, ce qui devrait permettre à Pedro Sanchez de recueillir une majorité relative et donc d’être en mesure de composer (enfin !) un gouvernement. Il s’agira néanmoins d’une coalition fragile avec Podemos (accord de coalition signé le 12 novembre dernier). La capacité du gouvernement à passer des réformes sera plus que limitée et la nécessité de s’appuyer sur des partis indépendantistes pour gouverner restera.
Le marché pénalise en partie l’Espagne pour cette instabilité politique chronique. Les écarts de taux à 10-ans sont similaires à ceux du Portugal, un des chéri du marché, alors que l’Espagne est noté A par S&P et le Portugal BBB. L’aberration toutefois reste, de loin, l’Italie, notée BBB et qui cote comme la Grèce et comme un BB- !