Par Michael Ben-Gad, professeur en économie à la « City University of London »
« Le confinement strict au Royaume-Uni n’a été introduit qu’à la fin du mois de mars, donc les effets négatifs sur l’économie britannique en avril seront bien pires que ceux du mois de mars. Ces effets se refléteront surtout dans les chiffres du deuxième trimestre. Pour l’ensemble de l’année, l’Office for Budget Responsibility prévoit une baisse du PIB de près de 13 % et la Banque d’Angleterre (BoE) d’environ 14 %. Si nous n’avons pas de deuxième vague et que les restrictions s’atténuent progressivement cet été, je pense que le chiffre sera plus proche de 10 %, un chiffre qui, de toute manière, reste sans précédent. Nous ne connaissons toujours pas le taux de chômage officiel depuis la mise en place du confinement, mais quel que soit ce chiffre, probablement entre 8 et 10 %, les données sur les différentes formes d’aide publique mise en place, donnent d’ores et déjà une idée plus précise du nombre de personnes sans emploi. Il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que les statistiques du chômage soient différentes au Royaume-Uni par rapport aux chiffres annoncés dans d’autres pays occidentaux. En Grande-Bretagne, le taux de chômage effectif semble converger vers les 20 %.
De même, presque tous les pays occidentaux se dirigent vers des déficits d’environ 10 à 15 % du PIB, rien que cette année et il faudra vraisemblablement des années avant que le PIB ne retrouve son niveau actuel. Les recettes resteront faibles et les dépenses probablement élevées dans les années à venir. À moins que des taxes plus importantes ne soient imposées, la dette de certains pays occidentaux pourrait bientôt devenir ingérable. Il est maintenant à la mode de considérer l’austérité de la dernière décennie comme une erreur, mais le but était d’empêcher que les déficits de 10 ou 11 % du PIB pendant la crise ne se poursuivent et de plafonner la dette. Imaginez où en serait le Royaume-Uni si le pays avait les niveaux d’endettement avec lesquels l’Italie se débat actuellement ?
S’il est vrai que le Royaume-Uni peut actuellement emprunter à des taux historiquement bas – le rendement d’un gilt (bon du trésor britannique) à 30 ans est maintenant inférieur à 0,6 %, ce qui ne reflète pas nécessairement la demande pour ces actifs étant donné l’augmentation massive du bilan de la Banque d’Angleterre. Contrairement au précédent cycle d’assouplissement quantitatif pendant la crise, où la base monétaire a augmenté mais où les banques ont conservé les réserves et où la création monétaire est restée en deçà de son plafond, cette fois-ci, c’est le gouvernement qui dépense l’argent. Cela signifie que nous sommes maintenant dans une période de financement monétaire avec tout ce que cela implique pour l’inflation dans les années à venir – d’autant plus que le déclin de l’activité économique est mieux décrit comme un choc d’offre plutôt que de demande ».