Par Alexandre Hezez, Directeur de la gestion financière

La BCE annonce un programme d’achats d’actifs supplémentaires de 750 milliards d’euros baptisé “pandemic purchase program”.

La Banque centrale va mobiliser €750 milliards, soit l’équivalent de 16 % de son total bilan, pour soutenir la zone euro face aux conséquences du coronavirus.

La décision a été prise à l’issue d’une conférence téléphonique non prévue du Conseil des gouverneurs. Ces derniers jours ont été marqués par quelques incidents de communication de la BCE qui ont inquiété les marchés et provoqué une envolée des spreads de crédit notamment sur l’Italie (Christine Lagarde lors de la conférence de presse de la semaine dernière et de la part du nouveau gouverneur de la Banque nationale autrichienne ce mercredi qui affirmait que la BCE avait atteint ses limites).

Il est à noter que pour la deuxième fois en une semaine, la Banque Centrale Européenne est intervenue pour rectifier les propos de l’un de ses principaux dirigeants, qui laissaient entendre que l’institution de Francfort était peu susceptible d’agir davantage pour soutenir l’économie de la zone euro, mise en difficulté par la propagation du coronavirus. Cela faisait plus que désordre… Faute avouée, le temps de l’action concrète est arrivé !

 

Dans son tweet « Des circonstances extraordinaires exigent une action extraordinaire. Il n’y a aucune limite à notre engagement en faveur de l’euro. Nous sommes déterminés à utiliser tout le potentiel de nos outils, dans le cadre de notre mandat » La présidente de la BCE s’inscrit avec la même détermination que Mario Draghi en 2012 avec son « whatever it takes ».

Ce programme  se déroulera au moins jusqu’à la fin de l’année et s’ajoutera au programme actuel. Cela signifie que la BCE achètera EUR1000mds cette année, soit le montant annuel le plus élevé jamais atteint.

Élément crucial, la BCE a déclaré qu’elle était préparée à accroître la taille et la durée de ses achats si nécessaire et à étudier tout obstacle sur sa route – une probable référence au plafond d’achat d’un tiers de l’encours de la dette d’un pays.

La dette grecque pourra être éligible. La BCE n’a jamais acheté de dette grecque dans le cadre de son programme de QE. Cela deviendra possible ! Elle pourrait acheter jusqu’à €50 milliards de dette grecque cette année, en théorie.

La Banque Centrale Européenne est déterminée à éviter toute fragmentation entre pays de la zone euro, a déclaré mercredi au journal Les Echos le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau après la brusque poussée du coût des emprunts d’Etats. La BCE est prête à se concentrer provisoirement sur les rachats d’obligations de certains pays plus que sur celles d’autres si la situation l’exige. “S’il faut faire encore plus d’achats d’obligations dans cette période exceptionnelle, nous le ferons”, a prévenu le gouverneur de la Banque de France.

Les marchés vont rester très volatils au gré des annonces sur la propagation de l’épidémie et les actions menées par les différents Etats.  Nous rappelons que les secteurs que nous privilégions sont les secteurs de croissance (Santé, Technologie…) et les grandes capitalisations.  Les secteurs sur lesquels nous restons prudents sont encore les secteurs les plus cycliques (automobile, consommation, matières premières). Des révisions de résultats vont s’accélérer dans ces secteurs.

La propagation rapide de l’épidémie contraint les Etats à accentuer l’intensité de la réponse sanitaire, ce qui dégradera fortement l’activité économique. Face à ces craintes et au manque de visibilité, les tensions financières ont franchi un nouveau cap. La confiance n’est plus, l’économie s’arrête temporairement.  Des mouvements de masse se produisent, amplifiant les tendances. La volatilité implicite des marchés indique une capitulation massive sans discernement.

Mais les mesures de soutien vont se diffuser progressivement dans l’économie réelle.

À condition que la réponse budgétaire des États continue de s’accroître, cela changera la donne pour l’économie de la zone euro et les marchés du crédit. La réaction sur les dettes devrait être importante aujourd’hui. Auquel cas, cela voudra enfin dire que les banques centrales ont encore la main. Alors qu’aux États-Unis, l’entente n’est pas franchement cordiale entre le Président de la FED et Donald Trump, l’Europe, coordonnée et déterminée, se montre enfin à la hauteur.

Une première étape est franchie.  Elle est trop tôt évidemment pour savoir si elle est suffisante mais en tout état de cause elle était nécessaire.

By Action Future

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