Par Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management
La mort du général Qassem Soleimani ravive encore les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran. La région en devient notablement plus instable.
Dans les dernières heures, l’Iran a annoncé l’abandon de ses engagements quant aux limites d’enrichissement de l’uranium. Le parlement Iraquien demande le retrait des troupes américaines du pays. Donald Trump affirme dans un tweet que les Etats-Unis ont identifié 52 cibles iraniennes au cas où Téhéran répliquerait.
Il est difficile à ce stade d’anticiper la réponse militaire de l‘Iran. Les possibilités sont multiples. Le pays est très influent au Liban à travers le Hezbollah. Il pourrait pousser les rebelles Houtis à attaquer des alliés américains au Yemen ou en Arabie Saoudite. Souvenons-nous qu’il y à quatre mois, la moitié de la production pétrolière saoudienne a été mise à mal lors d’une une attaque de drones. D’autres voies sont possibles.
L’Iran a jusque-là hésité à utiliser sa flotte dans le golfe persique. Un blocage du détroit d’Ormuz ébranlerait sérieusement les marchés, pour deux raisons : le prix du pétrole pourrait considérablement monter par raréfaction de l’offre et en toute probabilité les Etats-Unis répliqueraient très fermement. Ceci reste improbable, car trop risqué pour l’Iran, mais à surveiller. Notons à cet égard que l’Abraham Lincoln, navire de guerre américain, a été récemment harcelé par des navires iraniens.
Quoiqu’il en soit, la leçon de cet épisode démontre que le risque géopolitique est toujours là. Avec la victoire de Boris Johnson et les probables accords commerciaux sino-américains, ce risque semblait oublié des investisseurs. Et naturellement, le pétrole et l’or montent, les taux baissent et les actions plutôt richement valorisées, reculent.