ACTION FUTURE 55
David Stephant, Pierre Antoine Dussoulier
Une décennie après l’amorce du cycle long des matières premières en 2002, la compréhension globale de ces déséquilibres d’offre et de demande, mais aussi monétaires, semble aujourd’hui toujours partielle; cela malgré la prise de conscience dans le monde occidental que des milliards d’individus aspirent à égaler notre niveau de vie.
Ce cycle haussier trouve son origine dans des décalages persistants entre, d’une part, une demande très élastique venant de pays en fort développement, et d’autre part, une inélasticité de l’offre qui requiert un temps d’adaptation beaucoup plus long. Ces hausses de prix devraient alors se prolonger sur encore plusieurs années, le monde ayant encore besoin d’une structure de prix des matières premières plus élevée, de manière à diriger le capital et les hommes vers la production de ces biens indispensables au développement, et à responsabiliser nos habitudes de consommation. Ce cycle, durant lequel les matières premières devraient tendre à surperformer les marchés actions, pourrait ainsi s’avérer aussi long que ceux observés de 1843 à 1865, de 1897 à 1918 ou de 1932 à 1951.
Une demande mondiale fortement élastique
L’essor rapide de la demande de pays émergents.
Depuis le début des années 2000, le monde a assisté à l’émergence d’une classe moyenne dont les besoins croissants pour se nourrir, se loger, se chauffer et se déplacer ont causé de forts déséquilibres sur les marchés des matières premières ; déséquilibres qui persistent encore aujourd’hui, comme l’a réitéré l’institut de recherche Chatham House de Londres dans son rapport de décembre 2012. La part des pays émergents dans la demande mondiale de matières premières n’a ainsi cessé de croître face à des économies et des populations occidentales vieillissantes. Bien que les États membres de l’OCDE représentent toujours la majorité de la demande mondiale de pétrole, les pays hors OCDE ont vu leur part croître de 37% en 1999 à 49% en 2012. La consommation de métaux industriels a d’ores et déjà opéré son retournement, alors que la Chine dévore aujourd’hui à elle seule environ 45% des volumes mondiaux de cuivre et de l’aluminium, bien au delà des ratios de 12% et 13% respectivement en 2000.
Cette phase de développement n’est toujours pas arrivée à maturité, contrairement aux incertitudes de certains analystes prompts à enterrer, probablement de manière précipitée, le cycle long des matières premières. C’est en effet mésestimer les besoins colossaux des 65% de Chinois encore exclus de la nouvelle classe moyenne, qui aspirent cependant urgemment à prendre part au développement.
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