Par Invest Securities
LVMH aurait approché le joaillier américain TIFFANY, connu pour ses bagues avec une vitrine dans le domaine des pierres transparentes (diamants). Le leader mondial des industries du luxe aurait soumis aux instances dirigeantes du joaillier une offre préliminaire non contraignante encore en cours d’examen.
Nous voyons 2 raisons stratégiques pour LVMH pour s’intéresser au joaillier américain dont la perspective venant de sa dernière publication (chiffres du T2) table sur des résultats 2019/20 (janvier 2020) relativement stables, autour de 4,6Mds$ en CA (progression de mid single digit en chiffres apparents) pour un résultat opérationnel au-dessus de 800m$.
D’une part et sur un plan purement offensif, compléter un portefeuille de marques uniques (plus de 70 en l’état), avec une acquisition qui renforcerait sa présence dans le secteur du hard luxury, où LVMH, déjà propriétaire de la marque Bulgari qu’il a magnifiquement redressé et relancé depuis son acquisition en 2011, viendrait titiller le leadership du groupe RICHEMONT (propriétaire de van Cleef et Cartier).
D’autre part, et cela peut constituer un volet aussi défensif qu’offensif, LVMH en rachetant TIFFANY, rééquilibrerait son BM aux USA, car TIFFANY est d’abord et avant tout une marque américaine (présente également en Europe et au Japon où elle bénéficie d’une forte notoriété mais relativement peu ailleurs).
C’est tout dire de l’importance que le groupe LVMH continue d’attribuer au marché US qui reste intrinsèquement le premier débouché mondial du luxe, marché reposant en outre faiblement sur les flux touristiques, et disposant encore d’un fort potentiel en regard de sa richesse. Bernard Arnault lui-même a montré à quel point il considérait comme stratégique ce débouché lors de l’inauguration la semaine dernière d’une unité de LV avec la présence remarquée de D Trump.
Sur le plan financier et au-delà du prix à payer si celui proposé par Bernard Arnault satisfait le conseil d’Administration d’une société dont le capital reste fort diffus, il nous semble que LVMH pourrait singulièrement en améliorer le profil de rentabilité et de croissance. Car TIFFANY, comme Bulgari en son temps, est un opérateur qui a relativement déçu sur la période récente, avec des performances très inégales et contrastées suivant les zones géographiques et les périodes, avec une rentabilité opérationnelle moyenne en regard de l’image et du potentiel de la marque.
L’une des tares de TIFFANY est probablement d’avoir, à côté d’une gamme prestigieuse de produits autour du diamant, élargi son offre notamment vers le bas, à travers des gammes de produits en argent d’un luxe dit accessible mais pas automatiquement vecteur de productivité commerciale. Inverser ces tendances pour au contraire faire monter en gamme produits et collections, c’est un des points forts de LVMH, un travail d’orfèvre en quelque sorte.
Le prix proposé par LVMH que nous ne voyons pas excéder 15Mds$ (120$ par action évoqué par la presse, soit 14,5Mds$) pour une capitalisation boursière de TIFFANY de 12Mds$ est tout à fait accessible pour le leader français dont la capitalisation boursière est d’environ 200Mds€.
Surtout, nous pensons que TIFFANY intégré dans LVMH peut comporter un potentiel d’amélioration très significatif de son activité et de sa rentabilité, même s’il faudra du temps pour en constater l’impact dans les comptes de LVMH encore une fois, il est vrai, parce que la taille du groupe en relativisera les effets.
(+,=,-) sont des appréciations qualitatives émises et ne constituent pas une recommandation d’Invest Securities.