Vincent Boy, Analyste marché chez IG France |
Les marchés financiers ont poursuivi leur rebond durant la séance d’hier aux Etats-Unis, sur fond d’espoir sur le recul de l’épidémie et de voir la Russie et l’Arabie Saoudite trouver un accord afin de stabiliser le prix du baril de pétrole.
Concernant le virus Covid19, les investisseurs gardent espoir du fait d’un discours positif de la part de l’administration américaine et d’un nouveau calcul mettant en évidence une baisse importante des perspectives du nombre de décès aux Etats-Unis à environ 60 000, contre une anticipation de 100 000 à 240 000 auparavant. Par ailleurs la communication rassurante sur le fait que le pic pourrait être atteint dans les prochains jours permet de soutenir la tendance.
Plus de 30 000 nouveaux cas ont été enregistrés aux Etats-Unis durant les dernières 24h et malgré cette communication positive sur le pic de l’épidémie, les Etats de New York et du New Jersey, les plus touchés par le virus, ont tous deux enregistrés un nombre de décès supérieur à celui constaté la veille.
Par ailleurs au moins sept autres Etats confirment plus de 10 000 cas et la tendance ne semble pas se réduire. De plus, dans le milieu médical un certain nombre se plaint, de devoir s’occuper de patients alors qu’ils ont eux même des symptômes mais ne peuvent être testé. Enfin la ville de New York estime à plus de 200 par jour le nombre de décès de personnes à leur domicile et donc non comptabilisé par les agences de santé.
Le marché du pétrole continue d’être soutenu par l’espoir de voir la Russie, l’Arabie Saoudite et d’autres pays producteurs reprendre les négociations aujourd’hui, pour tenter de stabiliser le prix du pétrole. En effet, un accord sur une baisse de la production de l’OPEP+ et des autres pays producteurs au niveau mondial est attendu à l’issue de la réunion d’aujourd’hui.
En revanche les Etats-Unis, premier producteur mondial de pétrole, refusent toujours de participer à l’effort collectif mais font pression sur leur allié, l’Arabie Saoudite, en menaçant de retirer ses troupes et ses missiles anti aériens du Royaume s’ils n’abaissent pas leur niveau de production, qui a par ailleurs progressé de 9,7M à 12M de barils par jour depuis l’entrée en conflit avec la Russie.
L’OPEP+ confirme sa volonté de réduire la production mondiale mais précise que sans les Etats-Unis, un accord n’est pas possible. Bien que ces derniers aient un moyen de pression sur l’Arabie Saoudite, cela parait moins évidant de faire plier la Russie et la conférence prévue aujourd’hui pourrait permettre de trouver un accord sur une réduction mais qui serait probablement conditionnelle à la participation de la première puissance mondiale.
Au-delà de l’espoir de voir l’épidémie se réduire ou celui concernant le marché du pétrole, le président américain voit un boom économique suite à cette crise sanitaire, ce qui n’est pas pour déplaire au marché mais les plus grands gérants de fond comme BlackRock ou Pimco anticipent une reprise lente, après une contraction d’environ 30% du PIB au second trimestre.
Par ailleurs la Fed, qui publiait hier ses minutes, confirme un retour lent à l’activité du fait des craintes d’un retour de l’épidémie mais également car la population sera probablement plus fébrile à consommer à nouveau de façon importante.
En effet, de nombreux emplois seront détruits et de nombreuses incertitudes sur le maintien de l’économie devraient mettre sous pression la consommation des Américains, alors que celle-ci compte pour environ 70% du PIB américain.
Coté statistiques aujourd’hui, nous surveillerons une nouvelle fois les inscriptions hebdomadaires au chômage, qui sont attendues en hausse de plus de 5 millions, ainsi que l’évolution de l’emploi au Canada. Nous étudierons également le compte rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE en début d’après-midi.
Enfin, nous resterons attentifs à la réunion de l’Eurogroupe cet après-midi, destinée à trouver un accord de soutien économique en zone Euro, après l’échec d’hier suite à 16h de négociations.