ACTION FUTURE 38 – Analyse technique
Lorsqu’on me demande quel est le secret d’une analyse technique pertinente, je réponds qu’il n’y a pas de secret, mais qu’il convient avant toute chose de ne pas négliger les volumes de transactions et qu’il faut même considérer la relation entre les prix et les volumes comme le cœur de l’analyse technique ! L’enjeu des volumes est de taille, car ce sont eux qui reflètent la psychologie des investisseurs, ce sont eux qui sont à l’origine du prix. S’il n’y avait ni volume demandé, ni volume offert, il ne pourrait y avoir de prix !
Le volume représente davantage qu’une information complémentaire et je n’ai pas peur d’affirmer qu’il est à l’analyse technique ce que les nombres premiers sont à l’arithmétique. Certes, l’objectif de la prévision chartiste est de prévoir avant tout le sens que va prendre l’évolution des prix, mais la seule connaissance de ces derniers ne permet nullement de déduire l’information détenue collectivement par le marché, ce qui est la finalité même de l’analyse technique. Le volume d’échanges est la seule variable qui permette notamment de cerner et de mesurer les phénomènes de suivisme. C’est la variable clé qui autorise à établir le lien entre la finance comportementale et l’analyse technique.
C’est pourquoi la constatation d’une tendance à la hausse ou à la baisse et sa mise en évidence graphique n’ont de sens que si elles sont conjuguées avec une analyse des transactions afin de déterminer à quelles conditions la tendance peut se poursuivre, et quels sont les risques d’un retournement. Un argument supplémentaire qui devrait vous inciter à ne plus vous passer des volumes réside dans ce qu’il existe aussi des tendances sur les processus aléatoires. C’est d’ailleurs l’un des arguments préférés des détracteurs de l’analyse graphique qui font valoir que si l’on génère des nombres au hasard, qu’on les cumule pour construire un graphique, il sera également possible de distinguer des tendances, d’où ils concluent fallacieusement que tendances boursières et tendances aléatoires sont identiques. Or comme l’a suggéré le grand mathématicien français Emile Borel, « si le hasard imite la périodicité, la périodicité peut aussi imiter le hasard », d’où la nécessité de se servir des volumes afin de séparer le bon grain de l’ivraie.
La prise en compte des volumes de transactions par l’analyse technique est intimement liée à l’apparition de cette discipline, et il revient à l’américain Charles Dow d’en avoir établi la première règle d’utilisation.