Gestion obligataire
Par Union Bancaire Privée
Pour une mise en perspective du contexte actuel, rappelons que l’épidémie du Coronavirus est survenue au moment où certaines craintes concernant la croissance économique mondiale étaient déjà présentes, tout au long de l’année 2019 : les indicateurs d’activité avaient ainsi atteint un point bas, puis rebondi pour se stabiliser, avant l’émergence du virus. « Malgré la chute d’activité du secteur manufacturier et de la croissance du commerce mondial entre 2017 et 2019, l’économie résistait relativement bien quand a éclaté la crise sanitaire » résume Christel Rendu de Lint, Responsable de la Gestion Obligataire à l’Union Bancaire Privée. « Il faut toutefois constater que la pandémie intervient dans un environnement de croissance structurellement faible, compte tenu de la faiblesse durable de la productivité et de l’inflation ».
Les violentes secousses de marché provoquées par la pandémie ont incité les banques centrales à mettre en œuvre de nouvelles mesures monétaires : ainsi, la Fed a abaissé ses taux directeurs à zéro, lancé un nouveau plan d’assouplissement monétaire (Quantitative Easing) de 700 milliards de dollars, auquel s’ajoute le relèvement à 500 milliards du plafond quotidien d’injections de liquidités en faveur des banques. Plus maladroite dans un premier temps, la BCE a annoncé après sa dernière réunion un large programme d’achat de dette publique et privée totalisant EUR 1100 milliards, sans tenir compte du réinvestissement du stock existant, qui lui se situe aux alentours de EUR 220 milliards. Ces évolutions récentes ont naturellement rebattu les cartes des prévisions du consensus, puisqu’en début d’année, la tendance était plutôt à une stabilisation des taux directeurs des banques centrales. « La Fed et la BCE n’ont eu d’autre choix que d’agir rapidement, fidèle à leur ligne directrice qui a toujours prévalu lors des séquences de stress des dernières années : soutenir la stabilité financière. Pour autant, leur marge de manœuvre pour apporter davantage de soutien monétaire s’avère, au global, relativement étroite ». Les banques centrales en appelaient au relai budgétaire de la part des gouvernements, avant la crise du Coronavirus. L’annonce et la mise en œuvre de mesures budgétaires se sont, depuis, accélérées, en Chine, au Japon, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et dans l’Union européenne.
Protéger les portefeuilles, amortir la volatilité et privilégier la liquidité
Dans ces conditions et compte tenu du regain de stress sur les marchés financiers, l’équipe de gestion obligataire de l’UBP a privilégié plusieurs axes d’allocation au sein de ses portefeuilles de performance absolue (Absolute Return). « Nous avons très tôt renforcé l’exposition de l’allocation aux taux d’intérêt, qui se situe dans sa fourchette haute historique, et stabilisé à un niveau moyen l’exposition au crédit » détaille Christel Rendu de Lint. Cette augmentation de l’exposition aux taux d’intérêt vise à amortir la volatilité, causée par la crise sanitaire. « Parallèlement, nous avons initié une position vendeuse sur les spreads souverains italiens. Nous nous attendions à voir le taux de rendement italien à 10 ans se tendre avec la crise, notre position short nous a été utile en tant qu’outil de couverture du risque ».
L’équipe de gestion intègre également des actifs de taux américains dans les portefeuilles libellés en euros, pour la protection et le potentiel de compression procurés. « Les titres obligataires souverains américains restent soutenus par une forte demande étrangère tandis que la compression des spreads n’a pas encore eu lieu. Le spread avec le Bund allemand, de près de 150 points de base au 18 mars, demeure attrayant ».
Dans le cadre de la poche d’allocation « cœur » crédit, la priorité est plus que jamais donnée à la liquidité. L’équipe reste convaincue de l’attrait du recours aux indices de CDS crédit, plutôt qu’aux titres vifs obligataires. « Outre leur liquidité, nous apprécions le potentiel de rendement supérieur des indices de CDS. Sur le segment obligataire high yield, nous constatons historiquement, que l’investissement via ces instruments plutôt qu’en titres vifs, apporte une bien meilleure robustesse au portefeuille dans les phases de stress » conclut Christel Rendu de Lint.