Par Alexandre Tavazzi, Responsable du CIO Office et stratégiste monde – Pictet Wealth Management
La semaine dernière a été marquée par des nouvelles encourageantes sur le front du commerce mondial, l’accélération des exportations chinoises et les chiffres du crédit semblant préfigurer la fin prochaine du ralentissement des échanges à l’échelle mondiale.
Compte tenu du rebond de l’indice des directeurs d’achat (PMI) chinois en mars, ces facteurs favorables aux perspectives du commerce mondial pourraient aussi annoncer une croissance au deuxième trimestre 2019 supérieure au niveau actuellement anticipé pour la deuxième économie au monde.
En Europe, les perspectives de croissance et d’inflation de la BCE sont restées globalement inchangées par rapport aux prévisions communiquées après la réunion de mars. Mario Draghi a fait savoir que les conditions associées aux nouvelles opérations de refinancement à long terme ciblées (TLTRO III) seraient annoncées «lors d’une future réunion de politique monétaire», soit probablement en juin, avec les nouvelles projections établies par les services de la Banque centrale européenne. Il convient surtout de retenir que si la BCE adopte vraisemblablement de nouvelles mesures pour soutenir les banques de la zone euro, elle ne procèdera à aucun relèvement de taux en 2019; en outre, des mises à prix progressives de ces nouvelles TLTRO joueraient en faveur des banques européennes.
Ces bonnes nouvelles en provenance de Chine et d’Europe ont entraîné les marchés actions à la hausse en fin de semaine dernière, en particulier dans les secteurs cycliques et dans celui des banques européennes. Il faut toutefois garder à l’esprit qu’à environ 17x les bénéfices, les prix des actions laissent peu de place à de possibles déceptions. Si les révisions de bénéfices à la baisse se sont stabilisées, ce trimestre sera le premier à afficher une croissance négative depuis 2016. Alors que la période de publication des résultats du premier trimestre suit son cours, il s’agira de suivre de près les prévisions des entreprises pour 2019 au cours des semaines à venir. Car leurs bénéfices ne profiteront pas cette année des allègements fiscaux qui les avaient dopés en 2018; il faudra donc s’efforcer de distinguer, au-delà les effets de la réforme fiscale de Donald Trump, les sociétés qui présentent une vraie hausse des marges.
Quelques mots sur le Brexit pour terminer. L’issue la plus probable nous semble celle d’une nouvelle extension au-delà du délai actuellement fixé au 31 octobre (50%). Mais le risque d’un Brexit sans accord paraît tout de même assez élevé (25%). Sur la base de ces probabilités conjuguées, nous estimons à 75% les chances d’une issue défavorable aux actifs britanniques en 2019, d’où le maintien de notre sous-pondération.