Par César Perez Ruiz, responsable des investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Les sondages sont de plus en plus mauvais pour Donald Trump, mais au moins, le traitement administré au Président américain, frappé par le coronavirus, semble avoir fonctionné. C’est une nouvelle encourageante dans le combat contre le virus et un succès remarquable pour Regeneron, dont les fondateurs ont renforcé leur participation au capital à la suite du retrait partiel d’un groupe pharmaceutique français plus tôt dans l’année. À ce stade, les marchés tablent de plus en plus sur une victoire de Joe Biden, une éventualité qui aurait au moins le mérite de clarifier la situation et d’ouvrir la voie à un nouveau plan de relance budgétaire. Pour autant, nous continuons à penser que le résultat de l’élection pourrait être serrée, voire contesté, et que, quand bien même certains observateurs évoquent une « vague bleue », rien ne permet d’affirmer avec certitude que les Démocrates remporteront le Sénat. Le cas échéant, la taille du plan de relance pourrait être substantielle, ce qui serait une bonne nouvelle pour des secteurs comme les infrastructures et les matériaux. Nous pourrions également assister à une rotation sectorielle au détriment des valeurs technologiques si une administration Démocrate sonne la charge contre les monopoles. Par ailleurs, la hausse des taux obligataires (les nouvelles mesures de relance entraînant une révision à la hausse des prévisions d’inflation) rendrait les futurs flux de trésorerie du secteur technologique moins attractifs.
La saison des résultats du troisième trimestre a commencé. Les baisses de bénéfices en glissement annuel devraient être moindre qu’au deuxième trimestre, avec une amélioration plus marquée aux États-Unis qu’en Europe. Mais les entreprises s’efforcent de protéger leurs bénéfices et leurs marges en réduisant drastiquement les coûts, ce qui se traduit par des pertes d’emploi et par un infléchissement de la reprise de l’emploi. Cela rend l’adoption de nouvelles mesures de relance budgétaire d’autant plus nécessaire. Sur les 69 entreprises du S&P 500 qui ont publié des prévisions jusqu’à présent (contre 100 à 110 habituellement), deux tiers ont publié des prévisions optimistes, ce qui représente une proportion bien plus élevée que d’habitude. Il y a fort à parier que les résultats du troisième trimestre contiendront de bonnes surprises, mais nous voulons voir plus d’entreprises détailler leurs plans d’investissement.
De nouveaux signes semblent indiquer que le rebond continue, comme en atteste la hausse de 4% en glissement annuel des ventes aux consommateurs durant les vacances de la Semaine d’or. Alors que le parti communiste chinois s’apprête à divulguer son plan quinquennal pour la période 2021-2025, nous affichons un certain penchant pour les actifs chinois, y compris le renminbi, dont le cours augmente à la faveur d’une actualité favorable, de taux attractifs sur les obligations libellées en monnaie locale et de la perspective d’une victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine.