Par Robeco
· Les marchés ont corrigé, les excédents de liquidité se réduisant
· L’élection présidentielle met les États-Unis à l’épicentre des risques à court terme
· La deuxième vague de coronavirus sera probablement moins dévastatrice que la première
Confrontés aux difficultés liées à l’approche des élections américaines et au Covid-19, les marchés ont besoin d’un catalyseur majeur pour progresser, commente le stratégiste Peter van der Welle.
Après un rally tiré par les géants de la Tech, les actions ont subi une correction en septembre, ce qui a conduit les gérants de portefeuille multi-actifs de Robeco à maintenir l’approche plus prudente et plus neutre adoptée en août.
« Alors que les niveaux d’activité réels mondiaux sont encore bien inférieurs aux niveaux d’avant la crise du coronavirus, les marchés financiers sont déjà revenus au point de départ », déclare Peter van der Welle, stratégiste de l’équipe multi-actifs. Après le plus fort rebond post-récession depuis les années 1930, les actions étaient à court de carburant en septembre.
Dans le segment plus risqué du marché obligataire, les spreads s’étaient déjà resserrés à des niveaux habituellement observés des années après un pic de récession. Soutenues par l’aide massive apportée par les banques centrales et les gouvernements, les primes de risque se sont comprimées bien plus rapidement que lors des précédents rebonds post-récession.
À ce stade, les investisseurs sont confrontés à plusieurs risques à court terme qui pourraient compromettre la reprise actuelle, tant de l’économie que des prix des actifs.
Selon Peter van der Welle, ces risques sont liés à l’élection présidentielle américaine de plus en plus houleuse, qui aura lieu dans moins d’un mois, et d’autant plus confuse en raison du test positif au coronavirus du président Donald Trump.
Donald Trump contre Joe Biden
« Outre la pandémie de Covid-19, le risque lié aux élections américaines est clairement passé en tête des préoccupations chez les investisseurs », explique Peter van der Welle. La volatilité, telle que mesurée par l’indice VIX, indique que le marché s’inquiète des conséquences de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre.
En premier lieu, il est sans précédent que le président américain sortant ne soit pas disposé à donner des garanties sur une transition pacifique du pouvoir, disant au contraire que tout résultat d’élection ne montrant pas Donald Trump comme vainqueur serait truqué.
Cela augmente les probabilités d’une élection contestée. Une source supplémentaire d’incertitude concerne le test positif du président des États-Unis au Covid-19, celui-ci soulevant plus de questions qu’il n’apporte de réponses aux marchés.
De plus, les marchés s’attendaient à voir aboutir les négociations concernant un quatrième plan de relance budgétaire entre démocrates et républicains après la réouverture du Congrès. Selon toute logique, les deux partis avaient d’excellentes raisons de se mettre d’accord sur un ensemble de mesures visant à apaiser leurs électeurs à l’approche d’une élection générale. Cela a au contraire conduit à une impasse.
Le mois dernier, la partie courte de la courbe des contrats à terme sur le VIX s’est orientée à la hausse, ce qui témoigne de l’inquiétude des marchés quant à une élection américaine contestée. Source : Refinitiv DataStream, Robeco.
Le sentiment s’est détérioré
Peter van der Welle estime que le sentiment bipartisan au Congrès américain s’est dégradé suite au décès de la juge libérale de la Cour suprême, Ruth Bader Ginsburg. Le président Donald Trump a ignoré les appels visant à permettre au vainqueur de l’élection présidentielle de choisir le successeur de celle-ci, et a au contraire nommé la juge conservatrice Amy Coney Barrett.
Cela a placé la barre plus haut pour un accord bipartite au Sénat américain sur les futures mesures de relance financière destinées à combattre les conséquences économiques des mesures visant à endiguer le coronavirus, avance Peter van der Welle.
Même le récent appel à un soutien budgétaire plus important de la part du président de la Fed, Jerome Powell, n’a pas créé le sentiment d’urgence nécessaire au Congrès pour éviter une « falaise budgétaire » – un écart de durée s’ouvrant entre le soulagement immédiat de la crise et le début d’une reprise auto-alimentée.
La force de relance s’amenuise
Entre-temps, la capacité des banques centrales à soutenir les marchés avec des plans de relance de plusieurs billions de dollars diminue, prévient Peter van der Welle.
« Les excédents de liquidité sont encore conséquents, mais ils plafonnent et ne s’accélèrent plus. » C’était en effet l’accélération des excédents de liquidité soutenant l’expansion des multiples cours/bénéfices qui a contribué à faire grimper les prix des actions.
L’attention des investisseurs se portera donc désormais davantage sur la capacité de croissance des bénéfices sous-jacents et par conséquent sur les risques potentiels pour la reprise économique en cours.
Face à ces risques à court terme, il est tentant de réduire encore les risques. Les probabilités implicites du marché des options, tant pour le S&P 500 que pour le marché High Yield, montrent clairement que les risques sont orientés à la baisse pour les trois prochains mois.
La deuxième vague est arrivée
Et puis il y a aussi l’impact continu de l’augmentation des cas de coronavirus résultant de l’assouplissement des restrictions, ce qui entraîne de nouvelles mesures de confinement affectant l’économie.
« Selon nous, la résurgence du Covid-19 dans les économies avancées est inquiétante, mais elle nous semble représenter un risque bien plus faible par rapport à la première vague », déclare Peter van der Welle. L’amélioration du traçage, des tests et des traitements réduira le nombre d’hospitalisations et le taux de mortalité, et de ce fait les risques de reconfinement total.
Il existe une corrélation négative évidente entre le nombre de décès et l’impact économique des mesures d’endiguement au deuxième trimestre 2020. Un taux de mortalité plus faible lors de la deuxième vague impliquerait également une moindre atteinte au momentum économique. En outre, l’annonce d’un vaccin efficace pouvant être produit et distribué à l’échelle mondiale se rapproche.
La prudence est de rigueur
En résumé, Peter van der Welle estime qu’il est trop tôt pour revenir sur les actions ou sur les segments les plus rentables des marchés obligataires.
« Notre scénario de base reste celui selon lequel l’économie mondiale continuera de s’améliorer même si le plus dur reste à venir. Nous prévoyons que les niveaux d’activité continuent d’augmenter, bien qu’à un rythme plus lent, et que les conditions monétaires restent extrêmement accommodantes, avec des banques centrales disposées à agir si nécessaire.
Néanmoins, une position prudente reste de mise, car la nature des risques à court terme est importante. Dans un marché qui est à court de carburant, les perspectives à court terme ne mènent pas loin. Nous attendons des points d’entrés plus attractifs pour prendre davantage de risque.