Par Vincent Boy, analyste marchés chez IG France
Les manifestations se poursuivent aux Etats-Unis, malgré le couvre-feu annoncé par les maires et les gouverneurs et alors que le président américain menace la population d’envoyer l’armée pour les disperser.
Les manifestations semblent calmes durant la journée mais tourner aux affrontements et au pillage pour une minorité d’entre eux, une fois la nuit tombée et cela donne une raison au président américain de durcir le ton. De nombreux participants comparent cet épisode aux manifestations pacifiques observées suite à l’assassinat de Martin Luther King en 1968 et appellent à manifester dans le calme.
De son côté, le président américain utilise ses manifestations à des fins politiques, alors que son concurrent Joe Biden semble prendre de l’avance dans les sondages. Par ailleurs, une rapide comparaison de son point de vue entre les manifestations à Hongkong et celles dans son pays montre le double discours d’un président aux abois. Il critique d’un côté la réponse trop dure de pékin à l’égard des manifestants à Hongkong mais n’hésite pas une seconde à menacer de faire appel à l’armée pour stopper les agitations aux Etats-Unis.
Ces manifestations font ressortir une tension importante alors que le pays essaie de se redresser suite à la plus grande pandémie depuis plus de 100 ans. La population semble par ailleurs oublier que les risques d’une seconde vague sont importants. La distanciation sociale n’est absolument plus respectée et le nombre de nouveaux cas aux Etats-Unis reste toujours au-delà de 20 000 par jour.
En Chine, les discussions sur la loi controversée visant à sanctionner toute critique de l’hymne nationale, doivent reprendre aujourd’hui. Cela pourrait être suivi d’une augmentation des tensions à Hongkong, à la veille du triste anniversaire des manifestations de la place Tian’anmen, lors desquelles l’armée avait ouvert le feu sur des milliers de manifestants réunis contre les pouvoirs chinois.
Malgré une augmentation du nombre de risques, les marchés continuent de progresser et évolue pour un certain nombre, en Europe, en Asie et aux Etats-Unis, sur leurs plus hauts niveaux depuis près de 3 mois. La décorrélation entre les marchés financiers et l’économie augmente mais l’espoir de voir de nouveau soutiens monétaires permet aux marchés d’en oublier les risques.
La réunion de politique monétaire de la BCE demain sera par ailleurs suivie avec attention par les investisseurs, après la proposition de la commission européenne la semaine dernière d’un emprunt commun sur les marchés et d’un soutien monétaire de 750Mds€.
Enfin, le cours du pétrole continue de progresser au-delà des 35$ dans l’attente du sommet de l’OPEP et OPEP+. Initialement prévu les 9 et 10 juin prochains, celui-ci devrait être avancé au 4 juin. En effet, le secrétaire général de l’OPEP souhaite avancer et laisser le temps aux producteurs de réfléchir à l’évolution de leur production avant l’échéance du 1er juillet.
La réduction des quotas à hauteur de 9,7M de barils par jour devait rester en vigueur en mai et juin seulement, avant de passer à 7,7M jusqu’à la fin de l’année. L’Arabie Saoudite semblerait d’accord pour prolonger la baisse initiale pendant 3 mois mais la Russie ne souhaiterait pas aller au-delà d’un mois supplémentaire.
En revanche, à en croire la récente évolution des cours du pétrole, les investisseurs s’attendent à une résolution positive entre les pays de l’OPEP+.