Vincent Boy, Analyste marché chez IG France | |||
Sept Etats au sein de la première puissance mondiale sont maintenant confinés et qui représentent près d’un tiers de la population des Etats-Unis, alors que le nombre de cas dépasse les 34 000 et plus de 450 décès ont été constatés, soit une hausse de 190 en 24h.
Les Etats-Unis ont décidé de ne pas confiner au niveau national et de poursuivre une activité quasi normale dans certains Etats mais la solution semble de moins en moins efficace, ce qui conduit de plus en plus d’Etats à annoncer un confinement de la population et une fermeture de tous les commerces non essentiels. Cette lenteur de réaction amène à une hausse importante du nombre de cas et de décès et la première puissance économique mondiale pourrait bientôt être le pays le plus touché par le COVD19.
Cela devrait mener à une crise au sein des hôpitaux, qui vont manquer de capacité d’accueil d’ici 10 jours selon le maire de New York. Au-delà de la crise sanitaire le maire démocrate prévient que l’économie des Etats-Unis devra faire face à une crise économique majeure d’une ampleur inégalée depuis la grande dépression, qui a suivi le krach de 1929.
Le congrès a d’ailleurs tenté de se mettre d’accord hier sur des mesures fortes à mettre en place pour soutenir l’économie américaine, sans réussir à trouver un consensus à l’issue du vote. En effet certains démocrates accusent les républicains de vouloir principalement soutenir les marchés financiers, plutôt que soutenir la population qui subit la crise sanitaire et empêche de nombreuses personnes de travailler. Un autre vote pourrait être mis en place dans la journée.
Ces mesures comprennent un chèque de 3000$ par foyer touché par l’incapacité de travailler, une hausse de l’assurance chômage ou encore des prêts directs aux entreprises qui en ont besoin. Par ailleurs la Fed devrait fournir 4000 Milliards de dollars en liquidité pour aider les entreprises durant les 3 ou 4 prochains mois.
En Italie, le nombre de décès dépasse maintenant les 5000 alors que le pays est confiné depuis plusieurs semaines. L’Espagne a, elle, décidé de prolonger le confinement de 15 jusqu’au 29 mars, alors que le nombre de cas et de décès progressent de façon très inquiétante et fait de lui le 3ème pays totalisant le plus de décès, derrière la Chine et l’Italie.
Le Royaume-Uni tarde encore a décidé le lock down et implore sa population de rester confiner, en vain et demandait aux plus vulnérables de rester chez eux pendant 12 semaines, pendant que le gouvernement ferme peu à peu les commerces non essentiels.
Du côté du Japon, la décision semble maintenant inévitable de reporter les Jeux Olympiques qui devaient se dérouler en juillet à Tokyo et le Canada à déjà annoncé qu’il n’enverrait pas ses athlètes du fait du COVID19. Le comité Olympique a précisé qu’il donnerait sa réponse d’ici quatre semaines. La décision se fait attendre mais il fait peu de doute que le comité ne décide pas de report et cela portera un coup plus important encore à la 3ème économie mondiale.
Dans un autre registre, Donald Trump continue d’accuser la Chine de ne pas avoir communiqué assez sur le virus et d’avoir causé cette pandémie incontrôlable aux Etats-Unis et ailleurs. Chacun sait que le président américain a abaissé le budget de la CDC et une information montrerait même que l’administration américaine a éliminé un poste clé en Chine l’été dernier, dont le travail était de détecter ce genre d’épidémie.
La guerre de communication entre la Chine et les Etats-Unis pourrait s’intensifier et cette information devrait mettre le président américain dans une situation plus inconfortable, alors que sa gestion de la crise est de plus en plus critiquée par les démocrates mais également au niveau mondial.
Les marchés devraient ouvrir une nouvelle fois en baisse en Europe comme aux Etats-Unis et pourrait réduire les espoirs de voir un rebond à court terme, alors que les investisseurs espéraient voir la poursuite de la hausse initiée sur les marchés européens en fin de semaine dernière. Les marchés attendent un nouveau vote du congrès sur les mesures de soutien mais l’intensification de l’épidémie aux Etats-Unis pourrait une nouvelle fois réduire l’impact de celle-ci, même si le vote était concluant dans la journée.
Les Etats-Unis pourraient être la principale source de propagation du virus avant la fin de la semaine et la première puissance mondiale doit se montrer exemplaire dans sa gestion de la crise plutôt que d’essayer de réduire la baisse des marchés financiers, à l’image de quelqu’un qui tente de rattraper un couteau qui tombe.
La sécurisation de la population afin de réduction de l’épidémie sera selon nous bien plus important pour redonner espoir aux investisseurs et ainsi profiter des mesures de soutien mises en place par la suite. Plus l’épidémie dure, plus l’impact sera important et les risques de récession, qui semblent inévitable selon nous, n’en durerons que plus longtemps.
Enfin, les publications économiques se basant sur la période depuis l’épidémie ont commencé à tomber la semaine dernière, avec notamment l’indice manufacturier ou le nombre de demandeurs d’emploi aux Etats-Unis, ce qui n’a laissé guère de choix à l’imagination sur les perspectives de la situation économique du pays et les investisseurs surveillerons demain les PMI en Europe, au Japon et aux Etats-Unis.
La tendance négative devrait s’accentuer avant le test fatidique des résultats d’entreprises du premier trimestre, ainsi que des perspectives pour le reste de l’année, qui devraient commencer à être publiées mi-avril.