César Pérez Ruiz, responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
La semaine dernière, l’actualité a été si foisonnante que les événements habituellement importants ont été relégués au second plan. Les tensions commerciales sino-américaines sont ainsi à nouveau montées d’un cran vendredi: la Chine a annoncé une nouvelle salve de droits de rétorsion de l’ordre de 5 à 10% sur USD 75 milliards d’importations américaines à partir du mois de septembre. Trump a surenchéri sur Twitter, relevant les taxes douanières existantes et futures à 30% sur USD 250 milliards et à 15% sur USD 300 milliards de produits chinois importés. Cette escalade porte un nouveau coup à l’économie mondiale, déjà fragile. Les marchés ont alors plongé dans le rouge avant de rebondir lundi.
Bien que nous n’anticipions aucun effondrement imminent des marchés, nous conservons notre sous-pondération des actions et notre positionnement neutre face aux obligations américaines en couverture en cas de récession.
Dans le même temps, alors que les banquiers centraux du monde entier étaient réunis à Jackson Hole, le président américain a accru les pressions sur le président de la Fed Jerome Powell, appelant à une forte baisse des taux d’intérêt. Il a également déclaré que de nouvelles réductions d’impôts étaient à l’étude, notamment sur les plus-values et les salaires, mais qu’aucune décision ne serait prise dans l’immédiat au vu de la vigueur de l’économie américaine.
Des signes de stabilisation sont de leur côté apparus en Europe, bien que la situation économique en zone euro reste globalement précaire. Les enquêtes auprès des directeurs d’achat ont d’ailleurs continué de souligner la contraction du secteur manufacturier allemand, ainsi qu’un début de contagion au secteur des services, alors que l’indice des directeurs d’achat (PMI) composite de la zone euro affichait une légère progression. Parallèlement, une inflation en berne sur le Vieux continent devrait alimenter les anticipations de nouvelles mesures de soutien de la part de la BCE, outre la possibilité d’une relance par la dépense publique en Allemagne. Boris Johnson s’est quant à lui lancé dans sa première tournée européenne en tant que Premier ministre, recevant un accueil mitigé: tandis qu’Angela Merkel se montrait optimiste quant à la conclusion d’un accord sur le Brexit, Emmanuel Macron est resté inflexible sur le «backstop» irlandais. En Italie, même si un retour aux urnes après la démission du président du Conseil pourrait être évité, ce qui réduirait les risques d’un gouvernement populiste d’extrême droite, les négociations sur le budget 2020 demeurent le principal risque pour les emprunts d’Etat italiens.