ACTION FUTURE 34 – Mécanismes financiers
Évolution de la finance islamique dans le monde
En termes de chiffres, la finance islamique ne représente qu’une petite portion de la finance conventionnelle. Les spécialistes parlent d’un marché de 840 milliards de dollars (en 2008) qui pourrait dépasser les 1.200 milliards dans les 5 prochaines années. Ce marché connaît une croissance annuelle entre 10 et 15% et semble globalement avoir plutôt bien résisté à la crise qui a secoué le monde de la finance ces deux dernières années. De par les principes fondamentaux de la finance islamique que nous allons expliquer plus loin, les banques islamiques n’ont pas pris de position sur des actifs dits « toxiques ». La structuration de tels produits n’est tout simplement pas « Charia compatible », ils sont donc rejetés d’emblée par les investisseurs musulmans. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’évolution de ce marché. Le premier étant certainement la montée du prix du pétrole générant la montée des liquidités dans les pays producteurs. Un autre élément lié aux événements de septembre 2001 et le gel des capitaux du Golfe dans certains pays d’occident qui a poussé les investisseurs à rapatrier une partie de leur argent. Enfin, dans les pays à forte population musulmane, les clients des banques commerciales ont également fortement contribué à l’essor de la finance islamique car ils sont en effet très intéressés par les produits en harmonie avec leurs préceptes religieux.
Les grands principes de la finance islamique
Les règles du droit musulman sont basées sur un certain nombre de piliers fondamentaux. Elles sont basées sur un certain nombre de proscriptions et de directives importantes, à savoir :
– Interdiction de la thésaurisation : le musulman doit impérativement faire circuler son argent dans l’économie réelle, il n’a pas le droit de stocker l’argent ou de le monopoliser.
– Interdiction de la spéculation (Mayssir) : le Coran interdit formellement le Mayssir qu’on traduit par les jeux de hasard ou le pari. L’investisseur musulman s’intéresse à la réalité économique des marchés ou des sociétés dans lesquels il veut investir. Ses choix d’investissement ne se fondent pas sur des événements futurs qui n’ont aucun fondement.
– Interdiction de l’aléa : l’incertitude (Gharar) : le prophète Mohammad a textuellement interdit toute vente dans laquelle on trouve une incertitude ou un aléa. Toute transaction doit être basée sur un contrat dont on peut connaître l’issue. Le Gharar renvoie également à la notion de tricherie qui est condamnée dans le droit musulman.