ACTION FUTURE 38 – Univers de la Gestion professionnelle
Entretien avec Guillaume Chaloin
Si l’on a beaucoup parlé des fameux BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) comme étant les principaux acteurs de la croissance mondiale, beaucoup d’analystes s’accordent pour voir dans le continent africain le prochain bassin de croissance des années à venir. Afin de mieux appréhender la situation actuelle du continent, son potentiel de croissance, et l’intérêt pour un investisseur de miser sur les sociétés du continent africain, nous avons intérrogé l’un des rares gérant de fonds pan-africains, un fonds plus représentatif du tissu économique continental, que d’autres produits d’investissement libellés « Afrique » mais principalement focalisés sur l’Afrique du Sud. Ce spécialiste des valeurs africaines c’est Guillaume Chaloin, gérant du fonds MAM Actions Afrique chez Meeschaert Asset Management. Titulaire d’un DESS Gestion de Portefeuille de Paris XII après avoir passé un DEUG de Physique-Chimie à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), il est également diplômé depuis 2008 de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).
Comment expliquez-vous le faible nombre de fonds d’investissement sur le continent africain ?
Guillaume Chaloin : Je crois globalement qu’il y a une très grande défiance vis-à-vis de ce continent. Je parle particulièrement de l’Afrique sub-saharienne. Nous avons toujours la problématique d’avoir été un ancien pays colonisateur, ce qui fausse complètement le regard que nous pouvons porter sur l’Afrique, souvent emprunt d’idées reçues. Il y a donc une problématique historique et culturelle que n’ont pas certains pays comme les États-Unis, l’Australie ou la Chine. Le paradoxe c’est que la France est, en données agrégées, l’un des plus gros pourvoyeurs d’aide au développement, mais ce n’est pas nous qui en profitons le plus.
Votre fonds qui couvre l’Afrique a été créé récemment. Quel est son benchmark ?
Ce qu’il faut dire avant tout c’est qu’aujourd’hui il y a peu d’indices de référence. Comme l’AMF nous oblige à avoir une référence de comparaison, nous avons choisi le MSCI Africa, plus représentatif dans le nombre de sociétés qu’il contient, 80, et avec davantage de valeurs subsahariennes que le S&P Africa 40, qui ne contient lui que 40 valeurs plutôt typées matière première. Dans le prospectus AMF du fonds, on mentionne que le MSCI Africa est éventuellement un indice de comparaison à long terme, mais ça s’arrête là. Le but n’est pas de faire de la gestion benchmarkée. C’est avant tout un fonds de convictions.
Quelle part de son portefeuille, un investisseur devrait-il consacrer à l’Afrique ?
Pour moi il faut entrevoir un investissement sur la zone Afrique comme un moyen de diversification. Cela ne représentera jamais une grosse pondération mais on peut en mettre de 3 à 5% en termes d’allocation d’actif dans un portefeuille.