Agritel a réalisé son sondage annuel, du 18 au 23 août 2021, auprès d’un large panel constitué des opérateurs de la filière pour l’estimation de la récolte française de blé tendre 2021[1]. Une récolte décevante en quantité et en qualité qui attise encore plus les tensions du marché mondial du blé meunier.
Paris, le 24 août 2021 – « Agritel estime la récolte française de blé tendre à 34.93millions de tonnes. Cette moisson qui traîne encore en longueur, déçoit tant en quantité qu’en qualité. » annonce Michel Portier, directeur général d’Agritel.
Une production dégradée par les intempéries de l’été
Après une très mauvaise année 2020 avec 29.18 Mt, la production de blé française 2021 remonte certes à 34,93 Mt mais reste décevante malgré tout : elle n’atteint pas la moyenne des 10 dernières années. La surface est dans la norme de 4,94 Mha selon le ministère de l’Agriculture, mais le rendement est en retrait à 70.7 q/ha soit -1 % par rapport à la moyenne sur 10 ans.
« A début juin, les cultures étaient prometteuses. La récolte 2021 s’annonçait dans le top 4 des meilleures productions historiques à près de 38 Mt. A la fin des moissons, c’est une vraie déconvenue » ajoute Michel Portier qui explique :
« Les intempéries à répétition pendant l’été ont pénalisé le bon remplissage des grains et en ont dégradé la qualité. » La plupart des régions accusent ces mauvais résultats avec une plus ou moins grande intensité selon les volumes de précipitations qui cumulent parfois sur des records jusqu’à 300 mm depuis la floraison.
Un marché segmenté et un indispensable travail du grain
La part de blé meunier reste majoritaire en France. « Nos débouchés meuniers traditionnels pourront toutefois être honorés » détaille Michel Portier. Néanmoins, un important travail du grain sera nécessaire en amont, tandis que des aménagements de cahier des charges devront être âprement négociés.
La part de blé fourrager sera quant à elle bien supérieure aux autres années principalement en raison de poids spécifiques (PS) très bas. Le débouché de l’alimentation animale français et européen ne suffira pas. « Nous devrons probablement exporter ces blés sur le marché fourrager mondial qui se situe essentiellement en Asie » prévient Michel Portier. Dans ce contexte, l’écart de prix se creuse de jour en jour entre blé meunier et blé fourrager.
Un élément haussier de plus pour le marché mondial du blé meunier
Alors que la France a souffert des pluies à répétition, le reste de l’hémisphère nord a subi des canicules historiques depuis la fin du printemps.
« A l’exception du Maroc, les récoltes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient sont très mauvaises. La production de blé de printemps a littéralement grillé sur pied sous le dôme de chaleur au Canada et sur le nord des Etats-Unis. Ce n’est guère mieux pour les blés de printemps de Russie et du Kazakhstan » explique Michel Portier.
Après une dernière campagne déjà agitée par la tension du maïs et par des achats chinois records sur l’ensemble des grains, la tension est encore montée d’un cran sur le blé meunier depuis quelques semaines. Les perspectives de stocks chez les grands exportateurs s’annoncent comme les plus tendues depuis la campagne 2007/2008 lorsque ont eu lieu les premières émeutes de la faim.
Dans ce contexte tendu, la réduction de l’offre export de blé meunier française ne fait qu’accentuer la hausse des cours observée sur la scène internationale. Le prix du blé meunier coté sur le marché Euronext est au plus haut depuis 8 ans. Il avoisine les 250 €/T sur l’échéance Décembre 2021 soit une hausse de +35 % sur un an.
« La gestion de la volatilité des prix est devenue le facteur clé de performance économique tant chez les producteurs que chez les organismes stockeurs ou encore dans l’Industrie agro-alimentaire. Avec le réchauffement climatique, ces nouvelles données sont devenues structurelles » conclut Michel Portier.