Vincent Boy, Analyste marché chez IG France
La journée d’hier ressemblait aux précédentes avec des marchés qui progressaient sans réelle conviction, avant un retournement en fin de séance, qui a conduit la plupart des indices américains à clôturer en baisse de plus de 2%. L’indice de volatilité, appelé aussi indice de la peur, a progressé de près de 20% dans les derniers échanges.
Ce retournement de tendance semble avoir été initié par la crainte de voir une seconde vague au niveau mondial, après la découverte de nouveaux cas en Chine mais également suite au témoignage du docteur Fauci sur les risques d’une réouverture de l’économie de façon prématurée.
Ce dernier était entendu par un panel de sénateurs hier et précisait que le pays était sur la bonne voie mais que relâcher les efforts trop tôt pouvait conduire à un retour important de l’épidémie. Les dernières perspectives font d’ailleurs ressortir que 147 000 décès pourraient être constatés d’ici début août aux Etats-Unis, soit une hausse de 80% par rapport au 82 000 comptabilisés hier et bien loin des chiffres suggérés par Donald Trump à moins de 100 000.
Donald Trump a communiqué de façon très importante durant l’intervention du docteur Fauci, comme pour détourner l’attention mais a également insisté sur les probables sanctions que les Etats-Unis pourraient mettre en place à l’encontre de la Chine.
Au-delà des droits de douane, arme favorite du président américain, ce dernier fait pression sur certains fonds de pension américains pour bloquer l’investissement dans des compagnies chinoises, qu’il suspecte de ne pas respecter les droits de l’homme ou encore de menacer la sécurité américaine.
Cette intensification des tensions entre les deux premières puissances mondiales pourrait avoir un fort impact sur les marchés et le rythme du retour de la croissance mondiale. Rappelons qu’en 2018, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis avaient conduit à la baisse de plus de 20% sur les indices mondiaux avant un retour haussier, soutenu par 3 baisses de taux de la Fed et l’espoir de voir les deux super puissances s’entendre sur le plan commercial.
Par ailleurs dans la journée, les investisseurs se tourneront vers l’intervention de Jerome Powell à 15h sur les problèmes économiques actuels. Celui-ci devrait confirmer que la reprise sera longue et que l’impact sur l’économie sera très important, écartant ainsi toute reprise en V, soutenue par l’administration américaine.
Toujours aux Etats-Unis, le congrès n’a pas réussi à faire passer une nouvelle mesure de soutien à 3000Mds$ hier. Soutenue par la Chambre des représentants, celle-ci n’a pas été validée par le Sénat. Cette somme doit servir à soutenir les Etats, les entreprises mais également les familles de plus en plus impactés par les conséquences du Covid 19 sur l’économie.
Le marché du pétrole reste soutenu malgré les craintes économiques, grâce à l’annonce de l’Arabie Saoudite de réduire sa production d’un million de barils par jour supplémentaire et la probable poursuite des réductions de la production, déjà décidées par l’OPEP+, au-delà de juin. Le cartel et ses partenaires doivent se réunir au début du mois prochain pour discuter de la situation. Nous surveillerons par ailleurs le rapport mensuel de l’OPEP publié dans la journée, avant celui de l’agence international de l’énergie demain.