Vincent Boy, Analyste marché chez IG France

 

Le gouverneur de New York annonçait hier des statistiques encourageantes concernant le coronavirus pour l’Etat de New York mais se montrait inquiet de la situation du reste des Etats-Unis, où les cas et le nombre de décès augmentent. En effet, de nombreux Etats, notamment parmi ceux ayant décidé de rouvrir leur économie, font ressortir une poursuite de la propagation du virus.

 

L’administration américaine et les marchés se focalisent sur l’Etat de New York et ceux limitrophes comme le New Jersey, pour évaluer la situation aux Etats-Unis. En excluant ces Etats lourdement touchés au début de la crise sanitaire aux Etats-Unis, la tendance reste dangereusement tournée vers le haut. La reprise de l’activité pourrait conduire à une nouvelle accélération du nombre de cas et répandre à nouveau le virus dans les Etats ayant montré une baisse durable de la tendance.

 

Qu’importe, pour le président américain, le pire est derrière nous. Donald Trump a d’ores et déjà annoncé que la « coronavirus task force » sera dissoute très prochainement pour faire place à une nouvelle équipe, dont le rôle sera de soutenir la réouverture de l’économie.

 

Par ailleurs, Donald Trump reprend ses attaques contre la Chine sur leur responsabilité dans la création et la propagation du virus et menace de nouveaux droits de douane. Back to 2018. Ce dernier précisait qu’il serait en mesure de dire si la Chine remplit ses obligations en matière d’accord commercial d’ici une semaine à 10 jours.

 

La conclusion sera très certainement non concluante et cela devrait donner l’occasion au président américain de blâmer la Chine, puis d’utiliser son arme favorite des droits de douane. Ce qui pénaliserait encore un peu plus les importateurs américains. En revanche, bien que la Chine soit assez mesurée dans ces attaques envers la première puissance mondiale, les critiques directes concernant l’émergence du virus pourraient irriter le parti et le conduire à décider d’une baisse des importations US, telles que le pétrole ou les produits agricoles.

 

Du côté des Etats-Unis, le financement des soutiens massifs à l’économie conduit la première puissance mondiale à anticiper une multiplication par 5 de ses émissions d’obligations pour le second trimestre par rapport au premier. A noter que le montant emprunté sur les marchés par les Etats-Unis au T1 était déjà à un niveau record. Ces constatations vont aggraver encore un peu plus le taux d’endettement des Etats-Unis et mettre sous pression le budget américain dans les années à venir.

 

Alors que les taux sont au plus bas, il est inévitable que ceux-ci repartent à la hausse à long terme et cela devrait fortement pénaliser la croissance des USA. Des hausses d’impôts pourraient être inévitables, alors que, Donald Trump avait baissé le taux d’impôts sur les sociétés en 2018 pour soutenir les entreprises, quand bien même la croissance était au plus haut aux Etats-Unis. Par ailleurs le président américain soutient toujours l’idée d’une nouvelle baisse d’impôts pour les classes moyennes, dans la perspective des élections présidentielles au quatrième trimestre.

 

Pour revenir sur l’évolution du coronavirus, au-delà des Etats-Unis, la tendance en Russie, qui devrait entrer dans le top 5 des pays les plus touché aujourd’hui, au Brésil, en Inde ou encore au Mexique ne cesse de progresser, montrant de nouveaux risques venus d’autres pays. Le virus n’a pas de frontière et les pays du monde entier doivent travailler conjointement, ce qui n’est pas l’avis du président américain qui fait la course seul (vers la présidentielle). Les attaques directes contre la Chine, les critiques envers Mexico ou encore le retrait du financement de l’OMS en sont quelques exemples.

 

Sur le plan des statistiques, nous serons attentifs aux nouvelles inscriptions au chômage, qui devraient une nouvelle fois se compter en millions, alors que l’agence privée ADP a fait état d’une destruction de plus de 20 millions d’emplois et que les chiffres officiels attendus demain devraient confirmer ce nombre.

 

Le Royaume-Uni sera également sous surveillance avec la décision de politique monétaire de la BoE mais également les tentatives de négociations avec l’UE et les Etats-Unis concernant l’après Brexit. Celui-ci a en effet été déclaré fin janvier dernier et la fin de la période de transition avec l’Union Européenne est toujours prévue à la fin de l’année.

 

Enfin, du côté des entreprises nous surveillerons les résultats d’ArcelorMittal pour le premier trimestre, après une publication décevante d’AirFrance-KLM ce matin. Nous garderons par ailleurs un œil sur Airbus (et Boeing) concernant la décision de l’OMC sur les aides qu’auraient reçu les compagnies par l’Union Européenne et les Etats-Unis.

By Action Future

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