- Le changement climatique est une réalité que les investisseurs ne peuvent plus ignorer. Si le risque climatique représente bien un risque d’investissement, il nous paraît également constituer une opportunité sans précédent. Pour la première fois, nos hypothèses relatives aux marchés financiers (HMF) – un élément essentiel dans la construction des portefeuilles – tiennent explicitement compte de l’incidence du changement climatique sur l’ensemble des investissements. Il s’agit là de l’une des actions que nous avons mises en oeuvre afin de préparer les investisseurs à la transition vers une économie à émissions nettes nulles d’ici 2050 – voire plus tôt.
- L’idée, assez répandue, selon laquelle la lutte contre le changement climatique représenterait un coût net pour l’économie mondiale nous semble infondée. Si aucune mesure n’est prise pour lutter contre le réchauffement climatique, les dommages physiques considérables qu’il entraînera ralentiront la croissance économique. Nos HMF se fondent ainsi sur le principe d’une transition « verte » vers une économie à faible intensité de carbone – conformément aux objectifs de l’accord de Paris – qui aura un effet bénéfique sur les perspectives de croissance économique et de valorisation des actifs risqués bien supérieur à celui d’une stricte inaction.
- La transition ordonnée que nous anticipons, qui atténuera efficacement les dommages liés au changement climatique, joue un rôle clé dans l’établissement de nos HMF ajustées de l’incidence climatique. La transition historique vers la durabilité s’est accélérée au cours de l’année passée, à la suite d’une série d’engagements majeurs en matière de changement climatique qu’ont pris les entreprises, les États et les investisseurs ; cette évolution ne fait que conforter notre conviction d’une transition ordonnée vers un monde à faible intensité de carbone.
- Le changement climatique et la transition verte nous paraissent représenter des facteurs durables de performance des actifs et, par conséquent, jouent un rôle fondamental dans les décisions d’investissement stratégiques. Le changement climatique et les politiques de lutte correspondantes sont intégrés à nos HMF au travers de trois composantes principales : l’incidence macroéconomique, la réévaluation des actifs afin de prendre en compte les risques et les opportunités liés au climat, et les effets sur les fondamentaux des entreprises. Tout d’abord, les variables macro telles que la croissance du PIB se comporteront différemment dans un monde en transition vers un avenir à faible intensité de carbone, entraînant probablement une évolution des primes de risque traditionnelles pour l’ensemble des classes d’actifs. Ensuite, les marchés ne semblent pas avoir encore réellement pris en compte la transition à venir, ce qui signifie que les actifs qui vont en bénéficier pourraient enregistrer des performances plus élevées durant la période de transformation. Enfin, le changement climatique et ses conséquences ont une incidence sur les modèles d’activité et les perspectives de rentabilité des entreprises, instituant de fait parmi elles des gagnants et des perdants, et ce dans chaque secteur.
- Dans l’abréviation « ESG », nous avons fait le choix de nous concentrer sur le facteur E. Pourquoi cela ? L’incidence majeure du changement climatique sur l’économie et sur la société est désormais largement reconnue, et un consensus s’est en outre dégagé sur la façon de la mesurer, à savoir au moyen des émissions de carbone. Un tel accord n’existe pas quant à la meilleure manière de définir les dimensions S (sociale) et G (de gouvernance) des enjeux ESG, et encore moins sur celle de les mesurer. Diverses approches existent aujourd’hui parmi les investisseurs relativement à ces problématiques, soulignant bien la difficulté de leur appliquer un cadre systématique. Les dimensions S et G nous paraissent être des sources d’alpha et nous les excluons donc de nos HMF, qui sont axées sur les performances générales du marché, ou bêta.
- Les projections actuelles concernant le changement climatique sont très incertaines, en raison de la complexité de la modélisation des dynamiques existant à la fois entre les émissions de carbone et le climat et entre le climat et les variables économiques, ainsi que de la présence d’innombrables liens de dépendance, notamment dans le domaine des politiques d’atténuation. Il est d’autant plus fondamental d’intégrer cette dimension d’incertitude dans nos HMF.
- Afin de bien comprendre les implications qui en découlent pour les portefeuilles stratégiques, l’adoption d’une approche granulaire s’avère plus que jamais nécessaire. Ce sont ainsi les secteurs qui nous servent désormais d’unité de référence pour l’analyse des investissements. Les technologies et la santé devraient être les grands bénéficiaires de la transition verte, alors que l’énergie et les services aux collectivités pourraient se retrouver an queue de peloton. Au niveau des grandes classes d’actifs, les actions des marchés développés apparaissent toujours plus attractives, au détriment des obligations à haut rendement (« High Yield ») et de la dette émergente, en raison d’une plus forte concentration des secteurs à forte intensité de carbone au sein des indices de référence de ces dernières.