Par Michel Santi
Le moment de vérité approche-t-il : cette purge globale des marchés financiers remettant en question fondamentalement la politique menée avec assiduité par les banques centrales depuis une dizaine d’années ?
Nous vivons quand même une époque sans précédent où, avec un taux de chômage exceptionnel de 3.8%, avec la plus longue expansion économique de leur Histoire, les Etats-Unis d’Amérique – par l’entremise de la Fed – trouvent le moyen de … baisser leurs taux d’intérêt !
Je dois l’admettre : pour sauver un système infecté par les subprimes, par la spéculation à outrance et par les absurdes régimes de rigueur budgétaire imposés un peu partout en Europe, les banques centrales semblent avoir provoqué un processus de combustion qui échappe à présent à leur contrôle.
Elles subissent – et nous avec – le principe de l’arroseur arrosé car leurs interventions semblent bien avoir pour effet de fragiliser davantage ce même système qu’elles espéraient sauver.
Qu’elles en soient directement responsables importe peu, car le fait est glaçant : les marchés boursiers brassent aujourd’hui plus d’argent que nos économies elles-mêmes, et sont en conséquence susceptibles de nous faire plonger dans l’abîme car – c’est bien connu – l’implosion des bulles exerce des ravages rarement prévisibles et encore moins contrôlables.
Je l’écris et le dis depuis des années que nous sommes devenus tous japonais, mais le deviendrons-nous jusqu’à l’absurde ? Celui-ci étant que nos banques centrales, et notamment la Banque Centrale Européenne, se mettent à acheter des actifs à risque, dont les actions cotées en bourse, afin de tenter de sauver les meubles dans une sorte de tentative désespérée ? Pour ce faire, elles seraient condamnées à quintupler leur création monétaire, qui se monte déjà à 20 Trillions de dollars, rivalisant ainsi avec la Banque du Japon devenue pour sa part quasi-propriétaire de l’ensemble de son marché obligataire. Sommes-nous donc tous menacés de japanification, ou plutôt de « soviétisation », car une telle décision de la part de nos banques centrales occidentales reviendrait à une nationalisation – voire à une expropriation – de facto du marché des capitaux, évidemment sans précédent historique ?
Elles ne sont en rien responsables de nos déboires, et pas plus aux sources de notre marasme. Ceci dit, dans un contexte invraisemblables où l’Italie (oui, l’Italie) se finance mois cher que les USA, alors que les taux hypothécaires au Danemark sont négatifs – c’est-à-dire que votre banque vous paie quand vous lui empruntez de l’argent pour acheter votre maison-, l’impuissance de nos banques centrales fait peur ! Leur boussole s’affole et ne sait plus indiquer le Nord.