Par Jeanne Asseraf-Bitton, Responsable de la Recherche et Stratégie de BFT IM.
Les marchés s’ajustent au risque de resserrement plus fort et plus long. Les taux 10 ans sont fermes autour de 3.9% aux Etats-Unis, 2.5% en Allemagne et près de 3% en France. Les marchés actions se replient, tirés par la contre-performance des titres américains (autour de -2%). Les actions de la zone euro, soutenues par les valeurs défensives, résistent mieux (≈ -1.5%). Les spreads de crédit high-yield s’écartent d’environ 10 points de base. Le $ profite du contexte géopolitique tendu un an après l’invasion de l’Ukraine (€/$ à 1.06).
En Eurozone, la confiance continue de se redresser en février dans les services.
La situation dans l’industrie parait plus mitigée et le moral des ménages marque un mieux. La viscosité de l’inflation « cœur » se confirme à 5.3% l’an en janvier et la hausse des salaires négociés est stable à 2.9% l’an au 4ème trimestre. Les anticipations sur le cycle de hausse des taux de la BCE s’ajustent en conséquence et le taux terminal escompté par les marchés frôle 3.75%.
Aux Etats-Unis, le bipartisan CBO revoit largement en hausse ses prévisions décennales de déficit et de dette publics.
Le déficit atteindrait 5.4% du PIB pour l’année fiscale 2023 et 5.8% pour la suivante. La dette augmenterait continûment pour atteindre près de 120% du PIB en 2033. Le CBO confirme la prochaine échéance du plafond de la dette pour l’été 2023.
La consommation des ménages américains rebondit en janvier après une croissance au 4ème trimestre revue en baisse.
Le déflateur de la consommation, mesure d’inflation préférée de la Fed, accélère au-delà des attentes à 5.4% l’an au total et à 4.7% l’an hors alimentation et énergie. Les anticipations de taux de la Fed se tendent avec un taux terminal escompté à 5.5%+ (borne haute) et une moindre probabilité de voir une baisse des taux avant 2024.
Le futur gouverneur de la banque du Japon, Kazuo Ueda, juge appropriée la politique monétaire actuelle.
L’inflation (hors alimentation), qui accélère à 4.2% l’an en janvier, retomberait au second semestre, incitant à une normalisation plus prudente que prévue par les marchés.
En France, le climat des affaires marque un mieux en février.
L’amélioration est surtout sensible dans le commerce de détail et les services. Les ménages, dont l’encours des placements financiers stagne à environ 5700 Mrds € à fin septembre, continuent de favoriser les placements sans risque au second semestre 2022.