ACTION FUTURE 62 – Economie
Yves Choura
Gérant de portefeuilles
ICN Nancy Option Finance
ex Fondé de Pouvoir Banque DEGROOF – Gérant de Portefeuilles
Depuis la mise en oeuvre de l’économie de « bulles » dites monétaristes (M Friedmann – École de Chicago) au début des années 80 sous l’ère du Président Raegan, nos economies ont ainsi bénéficié d’un relais de croissance exempte d’inflation, mais dont les conséquences auront été d’accroître l’endettement mondial qui atteint aujourd’hui 2,86 fois le PIB mondial, soit près de 200.000 milliards de dollars.
Depuis la crise de 2008, nous assistons ainsi aux limites de ce modèle qui prend la forme d’un interventionnisme de plus en plus présent (politiques monétaires accommodantes, rachat d’actifs obligataires…), voire d’une résurgence de comportements qui pourraient déboucher sur le retour de mesures nationalistes (Brexit, élection de D. Trump, référendum en Italie… ). Au regard de ce rapide examen des 30 dernières années, les perspectives pour l’année 2017 s’inséreront dans la continuité de cette longue tendance, avec toutefois les prémices d’un nouveau cycle dont l’année 2017 pourrait en être l’année charnière.
Celle-ci sera donc principalement influence par la mise en application de la politique économique du nouveau gouvernement Trump qui doit permettre à la « 1ère zone » économique mondiale de relever à 2%(e) le scénario médian de croissance du PIB pour cette année contre 1,6%(e) pour 2016. Toutefois, cette reprise s’accompagnera inévitablement d’une remontée progressive des taux directeurs sur cette zone (3 hausses de 25 pbs ont été mentionnées par la FED lors de sa réunion de décembre dernier), ce qui est généralement plutôt considéré comme un frein à la hausse des marchés « actions », mais qui dans le cas présent semble plutôt être bien accueilli par ces mêmes marchés qui pensent pouvoir s’adapter.
En effet le marché américain demeure fortement valorisé (le P/E moyen à décembre 2016 se situe à 21,7 pour leS&P500 – source Raymond James), mais à l’inverse peut être considéré comme source d’opportunité pour la devise de cette zone, voire pour den ombreux secteurs qui profiteront d’une remontée progressive des taux. C‘est le cas notamment du secteur bancaire qui anticipe actuellement cette perspective par une amélioration des marges. Ce qui implique une plus grande sélectivité des valeurs.
À ce jour, les perspectives de mise en application du projet du nouveau Président américain ont déjà fortement contribué à favoriser une rotation sectorielle qui devrait se poursuivre sur toute l’année 2017. Les secteurs qui ont déjà été privilégiés lors de ces dernières semaines, et que nous continuons à privilégier sur toute l’année 2017 sont ceux : de l’énergie, qui devrait profiter par ailleurs de la remontée progressive du baril encore très éloigné de ses plus hauts de 2014 aux environs de 110 $ (Halliburton, Exxon , Chevron…), des banques, qui devraient également profiter de la remontée des taux, là aussi toujours très éloignés du niveau constaté il y a à peine 3 ans (Bank of America, Citigroup Inc., ….), mais également et surtout des « majors » technologiques qui malgré la menace de les pousser à relocaliser leur production aux États-Unis ou encore de rapatrier leur trésorerie aux États-Unis ont réussi à se maintenir proches de leur plus haut niveau et continueront à profiter de la dynamique mondiale. Les valeurs que nous recommandons sont FACEBOOK, APPLE, ALPHABET, MICROSOFT, ou encore NVIDIA ou ARRIS, fournisseurs de matériel pour câble opérateurs qui se situent en très bonne position pour profiter de l’harmonisation inévitable face à l’hétérogénéité des protocoles actuels existants. Autre point qui nous semble attractif sur cette zone, c’est la qualité de la devise qui a déjà profité de la perspective de remontée des taux à venir, qui devrait se poursuivre sur l’année 2017 avec pour objectif médian le retour à parité entre l’Euro et le Dollar.
Au regard des niveaux déjà élevés des compartiments ci-dessus et en attente d’un « pull back » qui permettrait de renforcer ces mêmes positions nous privilégions la mise en attente de nos liquidités sur des comptes libellés en dollar, voire en fonds monétaire USD, ceci en perspective à court terme d’un retour immédiat vers la parité € contre $. (Potentiel de 3-4%)
Parallèlement la zone européenne poursuit avec retard sa lutte contre les mêmes symptômes que ceux de notre principal partenaire américain, à laquelle s’ajoute la contrainte de « zone monétaire non optimale » qui génère par sa structure de départ, une incapacité pour celle-ci à lutter contre les chocs économiques asymétriques auxquels nous faisons face actuellement dans un environnement d’ouverture mondiale (cf. prix Nobel Robert A. MUNDELL).
Concernant la zone européenne, les incertitudes sont donc plus nombreuses et incertaines, ce qui nous incite à plus de sélectivité. À cet effet nous privilégierons les secteurs les moins endettés, ayant une capacité à profiter de la reprise américaine. Nos principaux choix de valeurs se dirigent vers la santé, avec en tête SANOFI qui devrait profiter des effets de sa restructuration menée depuis plus d’un an. Sur ce même secteur nous ajouterons sur le marché suisse ROCHE Holding Ltd qui au-delà de la qualité de ses fondamentaux permet à la fois de contribuer à une diversification « devise » sur le CHF, mais également du potentiel de la zone US (plus de 40% de son chiffre d’affaires). Nous misons également comme aux États-Unis sur le secteur technologique avec ATOS ou encore plus accessible SOPRA STERIA, qui a souffert de son exposition au Royaume-Uni et donc à l’anticipation des risques liés au Brexit. Toutefois nous pensons que cette anticipation est exagérée, et que sa valorisation attractive (7.7x VE/EBIT 2017e rendement cash-flow disponible pour 2017e de 8.2%) au regard de son potentiel d’amélioration de sa croissance organique doit permettre au cours de rattraper ce retard face aux entreprises de ce secteur (décote de 20% par rapport à la moyenne du secteur européen). À l’inverse, nous éviterons toutes les valeurs fortement endettées comme AIR France, BOLLORÉ, EDF, EIFFAGE, SUEZ, ou VEOLIA, voire plus à la marge ou encore dans une perspective de « trading » en raison d’un levier endettement (EBITDA/DETTES) important que représentent les valeurs comme VINCI, PERNOD, UNIBAIL, VALLOUREC.
Finalement nous clôturons ce sujet par le secteur aurifère qui malgré un début d’année 2016 euphorique est finalement revenu quasiment sur son point d’origine en cette fin d’année 2016. Au regard des fondamentaux décrits ci-dessus (dettes, déficit, politiques accommodantes…) parallèlement aux efforts de restructurations menées par les grands groupes aurifères depuis le début de la baisse de l’once d’or initiée en 2011, qui ont ramené en moyenne leur point mort de 1.250$ l’once à moins de 1.100$, nous demeurons toujours favorable à maintenir 5% de ce compartiment sur les comptes titres. Le choix des supports que nous privilégions est d’investir sur les « majors » de ce secteur, en diversifiant les lignes (NEWMONT Mining, Barrick Gold Inc., Goldcorp Inc….), ou si cela n’est pas possible d’opter pour un fonds de type SHARE Gold, ou BGF World Gold, qui bénéficient de la plus importante antériorité.
En conclusion, comme vous l’aurez compris au regard du descriptif environnemental ci-dessus, il serait présomptueux de pouvoir fixer une anticipation du niveau des indices pour cette nouvelle année 2017, car même s’ils devaient progresser il ne suffira pas juste de reproduire à l’échelle de son portefeuille celle qui compose les indices. Toutefois au regard des perspectives macro-économiques, nous pouvons parier à nouveau sur un accroissement de la volatilité qui sera source d’opportunités, pour finalement terminer l’année 2017 sur une note légèrement positive, sous réserve de l’absence de nouveaux catalyseurs protectionnistes, voire de dégradation du contexte géopolitique…
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